Catherine Saussine

Biographie

Catherine Saussine est née en 1958, vit et travaille à Sanary-sur-Mer.

Après une première vie parisienne dans l’enseignement, Catherine s’installe dans le sud de la France il y a près de deux décennies. « Je cherchais, comme à mon habitude de nouvelles énergies ».
Ces nouvelles vibrations seront créatives : un après midi de pluie, comme pour tromper l’ennui, à l’instinct, elle va empoigner les pinceaux. « Je ne saurais expliquer les choses autrement. Je me suis mise à peindre, c’est ainsi ». Le geste sera brut. Le format, grand. Les techniques ? Définitivement mixtes. Le support ? « La toile bien sûr », qu’elle préfère au papier : « la texture du papier ne pardonne rien, car le papier marque tout » explique Catherine Saussine. « J’aime la surface de la toile, elle permet l’accident, la réserve du pinceau est moins contrôlable, les belles surprises y surgissent de façon spontanées ».

Expérience de l’échec, caprices des coulures, apprentissage du lâcher prise, longs moments passés sans toucher à ses oeuvres « je peux rester des heures à regarder un amas de formes et de couleurs sur la toile ». En pure autodidacte, seule dans son atelier, l’artiste va, sans le savoir, remonter aux sources de l’art brut. Et, comme bien des adeptes de l’Art des Fous avant elle, trouver la clé des champs et se laisser aller au dialogue interne, entre elle et son inconscient, avec pour seul médium la surface de la toile.

« Tout commence par le travail des mes fonds » commente l’artiste. « C’est l’émergence des fonds qui structure le devenir des pièces. Ils créent la masse, désignent les ombres, donnent les premiers éléments, inconscients, de lecture de la future oeuvre ».

Cette première applique posée, l’artiste va alors y égrener un ensemble de représentations et de graphèmes : un oeil ici, un cri, une paires de griffes, une main, une étreinte, un visage là. Un langage riche, abondant, flanqué d’embardées abstraites se dessine alors : « peindre, en ce qui me concerne, c’est une expérience de l’inconnu. C’est une sortie hors-cadre, hors-champs, c’est aller là où je ne sais pas » explique Catherine. « Oui, va là où tu ne sais pas, voilà le leitmotiv que je m’administre avant de débuter une toile ».

Un manifeste de poche qui aurait évidemment plu à Jean Dubuffet, auquel il aurait certainement répondu de son vivant par son célèbre « c’est pour ça justement qu’on est curieux d’y aller voir ».

Côtés influences, la peintre pourrait également ajouter le « Vas-y » de Toma L, tout comme les mille et unes sorties de route de Jean-Michel Basquiat dont l’oeuvre continue d’émerveiller l’artiste comme aux premiers jours. La philosophie, celle de Nietzsche et de Spinoza, l’accompagne également au quotidien.

Catherine Saussine a pris la clé des champs. Des champs pulsionnels, instinctifs, qui convoquent à la table d’un nouveau festin nu, l’étrange et le brut.

Venez vous y perdre et vous y émerveiller.
Venez là où vous ne savez pas.

Théophile PILLAULT
Critique d’art

Visuels