Pétillant d’une effervescence instinctive, Ludovic Dervillez nous présente des œuvres empreintes de mouvement, de liberté et d’expérimentation. Ses racines champenoises nourrissent les cépages de sa peinture, une peinture d’une abstraction brute et d’une sensibilité à fleur de toiles.
Promesse de l’aube d’une vie artistique, Ludovic Dervillez rêve dès l’adolescence de rendre grâce aux surréalistes en réalisant lui aussi de belles toiles. Diplômé de l’École Supérieure d’Art et de Design de Reims, il conjugue des années durant son métier de graphiste et sa vie d’artiste. Aujourd’hui entièrement voué à sa passion, il investit quotidiennement son atelier en ce fief familial ancré en Champagne.
Son voyage au cœur de la création s’effectue en des contrées où règnent traits et couleurs. Libre et spontané, il n’hésite pas à prendre des risques. Tel l’aventurier qui ne peut évoquer des terres inconnues sans les avoir arpentées, il s’évertue à expérimenter, tatillonner, improviser aussi. Il ne peint pas une mais plusieurs toiles à la fois, virevoltant de l’une à l’autre. Il les saisit, les retourne, peint sur l’envers où la surface se fait plus brute, plus poreuse. La toile se gorge de peinture, l’ingère pour mieux faire corps avec elle.
Points de départ, des tâches surgissent, au bon endroit. Elles ponctuent l’espace, se dispersent sur une toile enrichie de projections d’huile de lin. Antidotes à l’inertie, elles insufflent le mouvement par des graffitis colorés de craie à l’huile, des effusions de bombes, À leur rencontre vient le trait. Mine de plomb, crayon, graphite, fusain, autant de lignes vives guident notre regard. Ici un tracé zigzague jusqu’à un hibiscus carminé, là, un artifice joyeux d’arcs, ellipses et autres sinusoïdes viennent encercler voire traverser des champs de couleurs emplis d’énergie,
Aux premières intentions jetées sur toile, légères et respirantes, se greffent les couleurs. De grands aplats voient leurs teintes brouillées par autant d’alliances de pigments dilués, venus contrarier une peinture fraîche et vive. De grands coups de pinceau hauts en couleurs alternent acrylique et huile. Ce passage d’une technique à l’autre laisse des traces dont la lecture offre les clés de sa peinture, où une certaine retenue vient équilibrer avec délicatesse, vivacité, émotion et mouvement.
Inspiré par la peinture contemporaine anglo-saxonne, il aime côtoyer des artistes émergents de toutes nationalités, de nos voisins européens au continent américain. Heureux d’investir dorénavant la capitale des Flandres, Ludovic Dervillez nous présente aujourd’hui son dernier crû, « Brut Abstract ».
Gersende PETOUX
Journaliste, rédactrice en art
