Sylvie Cairon vit et travaille dans le Berry.
Jusqu’au bout de ses rêves.
Les rêves de Sylvie Cairon ? Peindre.
Ses atouts ? Sa curiosité, son insoumission, son refus de la résignation, sa capacité à faire face, observer, chercher…
Et puis le fait d’être rebelle qui lui a permis toujours de se déterminer par rapport à soir; proposer des « récits de vie » qui sont autant d’étapes de son autobiographie. Ainsi, se jetant de tout son être dans chaque nouvel « épisode » avec la volonté absolue d’être authentique, déverse-t-elle ses questionnements en des oeuvres situées entre l’amour et la mort, le rire et le cri, la souffrance et l’émerveillement, la réalité et le rêve.
Partant de formes ou de tâches de peinture sur une toile, toujours allant vers la couleur, supersposant des bleus chauds et des bleus froids, jouant des matités et des brillances de rouges rubis sur des plages abstraites, l’artiste intensifie la perception et la représentation de la scansion picturale, générant ainsi des fonds tout en vibration à la fois rigoureux et sensuels.
S’engageant en grande partie inconsciemment en une aventure d’expérimentations et de tâtonnements, d’avancées et de reculs. Jusqu’au moment où, ayant foui la matière au fil des années, son « dit » sublimé transféré sur la toile, elle a été confrontée à une forme d’évidence : les grands personnages auxquels elle est parvenue sont enfin en émergence puisque, derrière eux, entre la gangue des fonds longuement peaufinées et le corps, a surgi l’ombre. Et c’est elle qui est colorée ! Elle qui assure l’équilibre du tableau, crée une vie entre le fond non signifiant, lourd de matière, absolument abstrait, quasi-monochrome, et l’individu qu’elle fait ressortir.
C’est cette sombre qui génère le relief sur lequel se détache l’homme, toujours l’homme, qui semble enchâssé dans un écrin de glaise hermétiquement clos : visage à la bouche grande ouverte, tourné vers cette ombre.
Tantôt sexué, il est représenté à longs traits rudes, voire brutaux, du pinceau, du couteau ou de la main. Tantôt asexué, il est longuement passé, repassé, comme caressé…
Ainsi, au gré de son humeur peut-être, de ses interrogations assurément, Syvie Cairon chemine-t-elle dans sa démarche tellement grave, au long de ses oeuvres lourdement psychologiques.
L’emmènent-elles au bout de ses rêves ? Qui sait ?
Jeanine RIVAIS-SMOLEC
Auteure, Critique d’art